Investir dans la transition : ce que l’ESG représente aujourd’hui pour les membres de Febelsafe
Investir dans la transition : ce que l’ESG signifie aujourd’hui pour les membres de Febelsafe
Réflexions de fin 2025 et points d’attention pour 2026
Pour de nombreuses entreprises de notre secteur, l’ESG n’est pas un sujet évident. Pour certaines, il est perçu comme une couche administrative supplémentaire venant s’ajouter à une réalité déjà complexe. Pour d’autres, il reste un concept flou, éloigné des décisions quotidiennes liées aux produits, aux fournisseurs et aux clients.
Et pourtant, fin 2025, nous constatons que l’ESG évolue progressivement. Pas de manière spectaculaire. Pas pour tout le monde en même temps. Mais suffisamment pour prendre un moment de recul.
Cette contribution se veut une réflexion pratique à destination des membres de Febelsafe : que constatons-nous aujourd’hui dans les EPI, les vêtements de travail et les textiles professionnels ? Qu’est-ce qui commence à fonctionner ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas encore ? Et sur quoi devrons-nous surtout être attentifs en tant que secteur à l’approche de 2026 ?
Que signifie ici l’ESG ?
ESG signifie Environmental, Social & Governance. Dans la pratique, il s’agit aujourd’hui moins d’étiquettes ou de reporting en tant que tel, et davantage de :
mieux comprendre sa chaîne de valeur,
identifier les risques et dépendances (matières premières, fournisseurs, réglementation, clients),
comprendre les attentes croissantes des clients et partenaires.
Dans ce texte, nous utilisons donc l’ESG non pas comme un mot à la mode, mais comme un outil pour analyser les risques, les opportunités et la résilience — des matières premières jusqu’au client final.
ESG en 2025 : ni percée, ni échec
Soyons clairs dès le départ : 2025 n’a pas été une révolution ESG.
l’ESG n’a pas fondamentalement redessiné le marché ;
le prix reste déterminant dans la plupart des décisions d’achat ;
pour de nombreuses PME, l’ESG demeure lourd et peu lisible.
Mais l’inverse est également vrai : l’ESG n’est plus totalement facultatif.
Nous observons que :
les grands clients intègrent de plus en plus l’ESG dans leur évaluation des fournisseurs,
des informations ESG sont nécessaires pour leur propre reporting,
et que l’absence de réponse devient de plus en plus difficile à justifier.
Non pas parce que tout le monde serait soudainement devenu « durable », mais parce que les risques deviennent plus visibles dans la chaîne de valeur.
Ce que l’ESG est — et n’est pas — dans la pratique
Pour notre secteur, il est essentiel de bien cadrer l’ESG.
Aujourd’hui, l’ESG est surtout :
un moyen de mieux comprendre sa chaîne de valeur,
un outil pour analyser la sécurité d’approvisionnement, les matières premières, la conformité et la réputation,
une manière d’identifier les risques et dépendances,
un langage utilisé par les clients pour comparer leurs fournisseurs.
L’ESG n’est généralement pas :
une garantie de prix plus élevés,
un retour sur investissement rapide,
une checklist à cocher une seule fois,
un discours marketing.
Pour les entreprises qui l’abordent de manière pragmatique, l’ESG évolue progressivement du simple reporting vers une logique de gestion des risques et de résilience.
Un signal prudent du marché : l’ESG commence à compter, de manière sélective
Chez un nombre limité d’entreprises pionnières — dans les EPI, les vêtements de travail et des segments connexes — nous observons en 2025 des effets encore modestes, mais réels :
un meilleur positionnement auprès de grands clients,
des discussions plus fluides sur des partenariats à long terme,
moins de frictions lors des audits et questionnaires fournisseurs.
Point important : 👉 cela se traduit rarement par des prix plus élevés, mais plutôt par :
une préférence,
une continuité,
et un risque réduit d’exclusion de la chaîne.
Ce n’est pas spectaculaire, mais ce n’est pas négligeable dans un marché compétitif.
Les PME : non pas un détail, mais le cœur de notre secteur
Pour Febelsafe, ce point est essentiel.
La majorité de nos membres sont des PME :
avec des marges limitées,
sans équipe ESG dédiée,
et fortement concentrées sur la continuité opérationnelle.
Si les attentes ESG sont conçues uniquement pour de grandes entreprises, le système ne fonctionne pas. Cela conduit à :
une surcharge,
des comportements défensifs,
voire un décrochage.
Pour les PME, l’ESG doit être :
proportionné,
concrètement applicable,
et relié aux processus existants (qualité, sécurité, conformité).
L’ESG ne peut pas devenir un obstacle supplémentaire pour rester actif sur le marché.
Réglementation : ajustements en 2025, incertitudes persistantes
Au niveau européen également, 2025 a été marqué par des ajustements clairs :
simplifications,
reports de certaines obligations,
reconnaissance explicite du caractère trop lourd de certaines exigences initiales.
Cela apporte un certain répit, mais pas encore une réelle clarté. Pour beaucoup d’entreprises, la question reste :
Qu’attendra-t-on réellement de nous — et à quel moment ?
Ce flou complique les décisions d’investissement et de priorisation.
Le rôle de Febelsafe : expliquer, mais aussi soutenir
En tant que fédération, notre rôle n’est ni de moraliser, ni de juger. Mais il est de ne pas laisser nos membres seuls face à cette évolution.
C’est pourquoi nous ne nous limitons pas à la réflexion ou aux positions politiques, mais développons progressivement un soutien concret, en collaboration avec des partenaires membres qui connaissent notre secteur.
Concrètement aujourd’hui :
Karomia accompagne déjà plusieurs membres de Febelsafe pour :
des analyses de double matérialité (DMA),
des approches VSME,
et un reporting ESG, avec une attention particulière à la proportionnalité et à la faisabilité pour les PME. Pour de nombreux membres, cet accompagnement permet de structurer des questions ESG qui seraient autrement perçues comme trop abstraites ou complexes.
Regeneration BV accompagne, avec Febelsafe, des membres dans le développement d’approches d’éco-conception, adaptées aux EPI, vêtements de travail et textiles professionnels. Cette démarche est encore en développement, mais certains membres bénéficient déjà d’un accompagnement concret, notamment sur des choix de conception facilitant le démontage, la réutilisation et le recyclage. L’approche part explicitement de la réalité industrielle et de la faisabilité pratique, et non de modèles théoriques.
En 2026, d’autres initiatives suivront, ainsi qu’un nouveau prestataire de services, avec pour objectif :
d’offrir plus de choix aux membres,
d’adapter l’accompagnement à différents niveaux de maturité,
et de traduire davantage l’ESG en applications concrètes pour notre secteur.
Il est important de préciser :
qu’il ne s’agit pas d’un parcours obligatoire,
ni d’une approche unique pour tous.
L’objectif est au contraire d’offrir aux membres des options, en fonction de leur taille, de leurs clients et de leurs marchés.
Vers 2026 : passer de la réflexion à la concrétisation
S’il faut retenir un fil conducteur de 2025, c’est celui-ci :
le défi n’est pas l’ambition, mais l’alignement.
Alignement entre :
objectifs ESG et pratiques d’achat,
réglementation et cycles d’entreprise,
attentes des clients et réalité des PME.
Pour 2026, les priorités semblent claires :
faire évoluer l’ESG de la théorie vers la pratique,
se concentrer sur les risques réellement pertinents,
éviter que les pionniers ne soient structurellement pénalisés.
En conclusion
L’ESG ne disparaîtra pas. Mais la manière dont il prendra forme, nous pouvons et devons l’influencer collectivement.
Cette contribution et l’infographie associée se veulent un point de départ pour le dialogue, pas une conclusion définitive. Febelsafe continuera à faire ce qu’elle doit faire :
écouter ses membres,
regrouper les signaux du terrain,
et aider à organiser un soutien là où cela a du sens.
Jo Van Landeghem